Lettres de Syrie... Joumana Maarouf



20 mars 2012

Comment vas-tu ?

Les gens de Homs disent en plaisantant : "La mort et les balles connaissent notre odeur. Elles nous suivent à la trace. Quand on va à Damas, on les entraîne derrière nous".

C'est exact. Les gens qui fuyaient les zones dévastées sont arrivés à Damas. Et voilà maintenant la mort qui débarque.

A propos des déplacés, laisse-moi te parler de Zeynab. Son visage s’est gravé dans mon esprit, comme si elle m’exhortait à te parler d'elle. C'est une jeune femme d’une vingtaine d’années. Elle est de Khalidyeh, à Homs. Je lui ai demandé : "Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?" Elle m’a répondu : "Je veux du travail". Puis elle a baissé les yeux, désignant une petite qui s’accrochait à ses vêtements : "Et du lait pour ma fille".

En regardant Zeynab, j’ai pensé à un enseignant de langue arabe de l’école. Les instituteurs parlaient des "explosions terroristes", de Mezzeh et des combats qui venaient de s'y dérouler le matin même... Le professeur d’arabe a déclaré : "Il faut qu’ils frappent sans pitié les endroits qui abritent ces terroristes. Les endroits qui les protègent, il faut les frapper à nouveau". Puis, élevant la voix : "Ca suffit ! Il faut en finir maintenant ! On en a marre !" Nous l'avons regardé en silence, ravalant nos réactions.

Il me semble que nous allons devoir les ravaler pendant longtemps encore, nos réactions.

Mais je me demande maintenant : parlait-il de Zeynab et de son enfant, par exemple ?

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